dimanche 17 mai 2015

A Litany for Survival + Paint a smile on me

Un magnifique poème pour la journée IDAHOT, mais pas seulement.

[Audre Lorde, A Litany for Survival. The Black Unicorn: Poems, 1978].

For those of us who live at the shoreline
standing upon the constant edges of decision
crucial and alone
for those of us who cannot indulge
the passing dreams of choice
who love in doorways coming and going
in the hours between dawns
looking inward and outward
at once before and after
seeking a now that can breed
futures
like bread in our children's mouths
so their dreams will not reflect
the death of ours:

For those of us
who were imprinted with fear
like a faint line in the center of our foreheads
learning to be afraid with our mother's milk
for by this weapon
this illusion of some safety to be found
the heavy-footed hoped to silence us
For all of us
this instant and this triumph
We were never meant to survive.

And when the sun rises we are afraid
it might not remain
when the sun sets we are afraid
it might not rise in the morning
when our stomachs are full we are afraid
of indigestion
when our stomachs are empty we are afraid
we may never eat again
when we are loved we are afraid
love will vanish
when we are alone we are afraid
love will never return
and when we speak we are afraid
our words will not be heard
nor welcomed
but when we are silent
we are still afraid
So it is better to speak
remembering
we were never meant to survive.



Et ça c'est pour se remettre après un tel lyrisme tragique.

[Black Yaya, Paint a smile on me, EP, 2013]. 

Un texte subtil, naïf et quotidien, mis en musique avec un style pop-folk que j'apprécie beaucoup chez Black Yaya (David-Yvar Yaya Herman Dune) déjà depuis les albums signés Herman Dune. Vidéo drôle et bien tournée, mais au final inquiétant!

vendredi 8 mai 2015

Carmilla

Roman court de Sheridan Le Fanu, publié par Actes Sud et aussi disponible gratuitement en ligne ici parmi les ebooks de la Bibliothèque électronique du Québec.


En 1872, longtemps avant l'apparition de Dracula (1897), Carmilla raconte l'histoire de la passion entre la vampire Carmilla et la jeune femme qu'elle choisit comme victime, Laura. Bien évidemment, cela sera de courte durée et, morale victorienne obligeant, le final ne sera pas très enjoué. 

Deux éléments frappent le lecteur.

  1. Certes, toute la narration reste dans le domaine du romantique et n'est jamais très explicite... mais pour le 19ème siècle l'amour saphique est déjà une thématique surprenante en soi!
  2. Les psychologies des protagonistes, quelque peu approximatives de premier abord, apparaissent plus profondes au fur et à mesure que le déroulement des événements se révèle au lecteur. Carmilla est un personnage ambivalent, à la fois touchante et répugnante, et cette ambivalence est présente tout au long du récit. Tout bien réfléchi, c'est la force de ses sentiments qui la mène à sa perte, une force si puissante que même la "victime", objet (et sujet) du désir, Laura, semble en rester subjuguée jusqu'après la disparition de Carmilla (comme le souligne d'ailleurs très bien Gaïd Girard dans sa lecture en annexe à la version publiée par Actes Sud).
C'est un joli conte, qui se lit vite (3 heures tout au plus) et qui présente une histoire de vampires qu'on peut trouver plaisante même sans être fan de Twilight ou autres séries dans le genre. 
En somme, un bon petit bouquin dont la lecture ne fait pas de mal... ni de bien non plus, si ce n'est intriguer un petit peu le lecteur en le faisant voyager dans un ancien chateau en compagnie de deux jeunes demoiselles au coeur tendre et plus ou moins fragile.