dimanche 3 août 2014

Paysages russes et américains à Lausanne

Avec ce temps maussade, rien n'est mieux qu'un tour au musée pour se changer les idées. Ca tombe bien, puisque cet été deux expositions ont lieu à Lausanne, "Magie du paysage russe" au Musée cantonal des Beaux-Arts, et "Peindre l'Amérique" à l'Hermitage. J'y suis allée et j'ai bien aimé.


Les deux présentent des tableaux du 19ème siècle, centrés tout particulièrement sur la représentation du paysage dans ces deux vastes pays que sont la Russie et les Etats-Unis.
Cependant, les contextes socio-politiques et intellectuels dans lesquels l'art est produit dans ces deux réalités n'est pas similaire, ce qui mène à des productions étonnement différentes.

En Russie, les artistes ont souvent une carrière académique au sein des écoles d'art, où effectuent des études et deviennent enseignants à leur tour. Intégrés dans les cercles artistiques et culturels, ils utilisent leur art comme moyen de diffusion de messages politiques et philosophiques. Outre vouloir être compréhensibles par le peuple, dans un souci de démocratisation de l'art, les peintres souhaitent contribuer aux mouvements de révolte et de nationalisme, et ainsi ils montrent l'oppression du peuple par l'église et le pouvoir politique, la grandeur des valeurs paysannes ou  encore la beauté du paysage avant les ravages de la guerre.

En outre, certains peintres jouent un rôle à mi-chemin entre les journalistes et les géographes: ils suivent les armées dans les missions militaires, les documentent et montrent à la population les nouvelles terres et mers ainsi conquises. C'est une des raisons du développement d'une riche tradition de peinture de la mer.




Aux Etats-Unis, c'est le marché qui domine. Sans écoles d'art ou mécènes pour financer les travaux des artistes, ceux-ci doivent vendre leurs œuvres. Du coup, ils s'orientent vers un style biens moins polémique et plus "agréable" à l’œil: la nature n'est plus le symbole de la réalité politique et économique de la population, mais un décor grandiose et plutôt paisible (où les activités de la bourgeoisie qui achète les œuvres peuvent s'épanouir). Grandes étendues, mers tranquilles, montagnes imposantes, où la puissance des hommes et des industries est redimensionnée voire absente. En plus des paysages, l'exposition présente des peintures sur des objets de la vie quotidienne, des trompe-l’œil bluffants avec des motifs récurrents (par exemple, les dollars).

Malgré des accents parfois polémiques à propos de la condition des indiens (surtout dans les quelques photos présentées en fin d'exposition) et des esclaves, il s'agit d'une peinture qui globalement évite les conflits (ce n'est pas vendeur!), et du coup est très jolie mais ne fait pas référence à une palette émotionnelle très variée (il est facile d'être étonné, enchanté ou positivement ému, bien plus rare d'être révolté ou compatissant face à ces œuvres).

En plus de cette peinture commerciale, on retrouve aussi des œuvres de documentation et vulgarisation. Dans l'avancée vers l'ouest, les peintres se retrouvent, comme en Russie, à jouer le rôle des géographes-journalistes-biologistes, pour représenter la nouvelle réalité qui s'offre aux conquérants. Généralement dépourvue de visées politiques explicites, cette peinture offre des images fidèles de paysages, plantes et animaux rencontrés. Elle effectue en outre une certaine glorification des forces de la nature (fleuves déchaînés, mers en tempête, glaciers, etc.).

Le slide avec quelques tableaux de l'exposition se trouve ici.

Au delà des différences, les œuvres russes et américaines ont en commun une vision assez romantique de la nature, qui est typique du 19ème. De plus, elles présentent un réalisme étonnant, sans doute en relation avec l'essor des techniques de photographie (certaines semblent réellement des photos!). Probablement, l'élément le plus impressionnant est la lumière: omniprésente, étudiée et peaufinée à l'extrême, elle éblouit le regard du visiteur et le transporte dans ces décors surprenants.

En somme, deux très belles expositions qui jettent un nouveau regard sur l'art du 19ème et qui parlent aussi bien aux amateurs d'art qu'aux historiens et aux géographes. A voir, jusqu'en octobre 2014!

4 commentaires:

  1. Davvero bello questo tuo nuovo blog, complimenti! Spettacolare la modalita' di presentazione dei quadri, secondo me riesce ad interessare anche quelli piu' insensibili. Bravissima come sempre nei commenti, e anche abbastanza imparziale , cosa non semplice . Con gli auguri di buon proseguimento per questa nuova ed appassionante avventura informatica ti lascio con un forte abbraccio, sperando di leggere presto un tuo nuovo articolo, ciao.

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  2. Mi son dimenticata di scrivere il mio nome...l'avrai capito...Francesca

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  3. Grazie per questi complimenti...magari tu non sei imparziale con me! ;)
    A presto!

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  4. Bella musica su bei quadri. Mi sarebbe piaciuto vedere la mostra. Questa è arte. Giovanni

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